Des voitures de course de plus en plus économes en carburant

Innovation

Les organisateurs de la course sarthoise encouragent les constructeurs à développer des technologies plus vertes...

En 2015, 53 voitures ont pris le départ des 24 Heures du Mans. Imaginez donc la cinquantaine de pilotes donner des grands coups d’accélérateur pendant deux tours de montre, et la quantité de carburant consommée. D’après Ouest-France, Shell mettait 280 000 litres d’essence à disposition des concurrents de la célèbre course sarthoise en 2013. Mais le Mans a pour ambition d’être un laboratoire de technologies, et, depuis quelques années, plusieurs innovations cherchent à réduire la consommation énergétique des voitures.

Le premier constructeur à avoir fait un effort en ce sens est Audi. En 2006, la marque aux quatre anneaux remporte les 24 Heures du Mans avec sa R10, le premier véhicule à s’imposer avec un moteur diesel. Une performance impressionnante qui prouve que l’on peut aller vite en dépensant moins. Mais la tendance aujourd’hui est encore plus poussée avec l’arrivée il y a quelques années des moteurs hybrides. «Le point de départ est arrivé quand les constructeurs et en premier lieu Toyota sont venus arguer que la technologie hybride allait rentrer dans le marché automobile et devenir un moyen efficace de répondre aux problématiques de réduction de carburant», se souvient Vincent Beaumesnil, directeur sport de l’Automobile club de l’ouest (ACO) qui organise la course.

Résultat, en 2012, «une première règle de transition», le temps que tous les constructeurs développent une technologie performante, et «en 2014 nous avons ouvert le règlement pour passer à des systèmes plus puissants», d’après Vincent Beaumesnil. Comment ça fonctionne Avec l’hybride, il est question de récupération. «L’énergie que nous récupérons est celle qui est disponible au freinage. Au lieu de laisser l’énergie cinétique se dissiper et se transformer en chaleur, nous branchons les roues à des alternateurs qui récupèrent cette énergie», décrypte Pascal Vasselon, directeur technique et vice-président de Toyota motorsport. Une fois cette énergie récupérée dans un supercondensateur dans un premier temps, et aujourd’hui dans une batterie, elle est réinjectée au moment où la voiture accélère de nouveau. Comme le pilotage nécessite beaucoup de freinages brutaux et d’accélérations tout aussi puissantes, cela permet de réaliser de belles économies d’énergie. «Depuis l’arrivée de l’hybride, les véhicules vont de plus en plus vite avec moins en moins d’essence», se réjouit Pascal Vasselon.

Pour s’assurer que la tendance se poursuive, les organisateurs limitent la quantité de carburant autorisée. «Pour chaque tour, nous accordons une quantité d’essence définie. Plus le système hybride sera développé, plus la quantité d’essence autorisée sera réduite», insiste le directeur sport de l’ACO.

Résultat d’après ce dernier, «entre 2013 et 2016, nous enregistrons une réduction de 35% de la consommation d’essence». Une différente façon de piloter En plus de ce gain, le système hybride change aussi la conduite des pilotes. Christophe Tinseau par exemple a roulé sur l’un des tous premiers prototypes en matière d’hybride. C’était sur une Panoz au Petit Le Mans, en 1998. «A l’époque, nous essayions surtout de faire marcher le système», se rappelle-t-il. >>> Prenez de la vitesse et découvrez le reste de notre dossier «20 Minutes dans la roue des 24 heures du Mans»

Mais depuis la technologie a bien changé, et pour conduire une hybride, il est devenu nécessaire d’adapter sa conduite. «Il ne faut pas rester à fond jusqu’au freinage, mais d’abord lever l’accélérateur pour consommer un peu moins sur la ligne droite et recharger les batteries, explique le pilote. Multiplié par les 6 grandes lignes droites du circuit du Mans, ça commence à faire. Avant, on sautait sur le frein le plus tard possible.»

Qui sait, peut-être qu’un jour le règlement des 24 Heures du Mans voudra encourager les constructeur à rouler avec des véhicules entièrement électriques. En attendant le progrès est en route sur le circuit du Mans.